On avait pu en lire des passages, ici ou là. Chez un pote qui connaissait un pote qui connaissait un pote qui connaissait Pierre Maurel (« mais chut ! ne le répète pas… »). Dans un recoin secret de sa bibliothèque, il avait extrait un gros tas de feuilles, un album BD en fait, relié par des agrafes un peu rouillées. « C’est quoi ? » on avait demandé déjà captivé par les dessins noirs et blancs qui se balançaient devant nos yeux. « C’est… ben, c’est… c’est un manifeste mais en moins chiant ; sur la liberté de création, l’édition libre… Tout ça tu vois… . Oh et puis mince, c’est une bande dessinée quoi.«
Il n’avait pas voulu vous le laisser. « Quand tu auras fait tes preuves. Pour le moment ça serait trop dangereux pour toi ». « Sois pas rat, juste pour le week-end ! ». « Si tu veux je te passe un Black et Mortimer, on verra plus tard pour Maurel« .
Avant de partir, alors que vous étiez sur le palier, il avait murmuré une phrase codée juste avant de refermer sa porte : « Pierre Maurel à un blog, c’est le blog de Pierre Maurel ».
Ça c’était avant, au début de la lutte clandestine. A l’époque des fanzines et des blogs.
Aujourd’hui le combat se fait au grand jour. L’Employé du Moi, l’Éditeur (oui, oui, un petit éditeur mais un vrai), à réuni sous le titre Blackbird l’ensemble des chapitres qui constituent le récit d’anticipation (mais à peine) de Pierre Maurel. Récit qui pourrait être à la bande dessinée ce que Fahrenheit 451, 1984 ou le silence de la mer furent à la littérature.
« T’exagères pas un peu là ? ». « Ben non… Tiens je te rends ton Black et Mortimer ».
(A noter, une chronique intelligente datant de 2010 sur Du9 à propos de Blackbird).
BLACKBIRD – Pierre Maurel from Ingaproduction on Vimeo.